Objet mystère !
Nos collections se sont enrichies d'un objet provenant du temple de Chaillevette qui après questionnement ici et là s'avère original et peut-être même unique. C'est une plaquette en bois avec des cases qui peuvent s'ouvrir révélant des noms. Certains sont encore lisibles : Clément Sicard, ED. Candalon, G Gagnard, Jean Thomas, Vaurigaud, Aristide Chaillé. Ces personnes ont toutes été membres du conseil presbytéral environ entre les années 1840 et 1920. Pour comprendre l'usage d'un tel tableau, il nous faut refaire un peu d'histoire.
C'est Jean Calvin qui eut l'idée de créer un organe chargé d'appliquer la discipline de l'Eglise réformée. Cet organe appelé "consistoire" se réunit la 1ère fois à Genève en 1541. Il est composé des pasteurs de l'église de Genève et de 12 laïcs. Ces laïcs sont appelés "anciens". Leur rôle en 1559 est ainsi défini ": "Veiller sur le troupeau avec les pasteurs ; faire que le peuple s’assemble et que chacun se trouve aux saintes congrégations ; faire rapport des scandales et des fautes, en connaître et en juger avec les pasteurs; en général avoir soin avec eux de toutes choses semblables qui concernent l’ordre, l’entretien et le gouvernement de l’Eglise ".
Ce système de gouvernement de l'église va se répandre dans l'église réformée de France. Aux 16 et 17 ème siècles, le consistoire veille donc à la pureté de la doctrine prêchée et enseignée, mais aussi à l'administration du personnel (pasteur, maître d'école, concierge payés par les cotisations volontaires récoltées chaque trimestre), à l'entretien des biens et édifices paroissiaux ; il représente les églises auprès des autorités. Les anciens se répartissent par quartiers la visite des malades, ils prennent soin des plus pauvres, des veuves et des orphelins, ils paient les frais de scolarités pour les enfants des plus démunis avec l'offrande récoltée à la sortie du culte. Ils soutiennent les religionnaires emprisonnés. Le consistoire tient les registres de baptêmes, mariages et décès, distribue les méreaux pour la Cène.
Chaque ancien est à son tour de service une semaine pour être lecteur en chaire, assister aux baptêmes, mariages et enterrements. C'est là que nous retrouvons le système ingénieux de notre objet mystère, on ouvre la fenêtre de l'ancien de service afin que les paroissiens sachent à qui s'adresser en cas de nécessité.
Au 19ème s, la loi du 18 germinal an X ignore les "paroisses". Elle connaît seulement des "églises consistoriales" de 6.000 personnes, administrées par un conseil consistorial.
En 1938, l'Église réformée de France découpe des "circonscriptions", vite appelées "régions". Chaque région comprend des sous groupements nommés "consistoires". Ces consistoires réunissent des paroisses géographiquement voisines pour les coordonner et éventuellement organiser des activités communes.
Le "consistoire" du 16ème siècle devient le "Conseil presbytéral". Pourquoi ce nom ? Il vient du terme grec "presbuteros" dans le nouveau testament et qui signifie "ancien", les protestants ont préféré ce terme à celui de "prêtre" qui a la même origine.
Que de chemin parcouru entre le "consistoire" du 16 ème siècle et le "conseil presbytéral" d'aujourd'hui !
D. R. janvier 2017