Jean-Louis Gibert

Jean-Louis Gibert  (29 juin 1722 -août 1773)      

 

            A sa sortie du séminaire de Lausanne, Jean-Louis Gibert a 29 ans, et il est consacré au « saint ministère ». Il se rend au synode des Cévennes, au cours duquel, le 8 juillet 1751, sa nature ardente d'évangéliste le pousse à exprimer le désir d'exercer son ministère en Saintonge et Périgord. L'autorisation lui est accordée pour un an... Mais il ne reviendra pas, sauf pour de courts séjours.

            Il monte d'abord à Paris. Son arrivée en Saintonge reste couvert d'un voile, car les procès-verbaux de l'époque sont introuvables. Sa première intervention, connue avec certitude, a lieu à Segonzac[1] où il bénit un mariage le 18 juillet 1752.

            Fort de la dynamique de restauration des Églises protestantes qu'Antoine Court développe en Cévennes, tout en dirigeant le séminaire de Lausanne, Jean-Louis Gibert va se montrer un réorganisateur particulièrement efficace. Les curés et l'administration royale ne s'y tromperont pas. Malgré les ruses, il reste insaisissable, mais il est jugé et condamné à mort par contumace, puis pendu en effigie à La Rochelle.

            A l'automne 1755, ce « fou de Dieu », après mûres réflexions et prières, ose transformer des granges en lieu de culte où le service divin est célébré chaque dimanche. Il ne supporte pas de voir les protestants travailler le jour du Seigneur. Comme depuis 70 ans, par la révocation de l'édit de Nantes, les temples sont détruits et interdits, il nomme ces temples clandestins : Maison d'oraison. Il fait son coup d'essai à Breuillet (17920) et il en rend compte, en janvier 1756, dans sa lettre à son frère Étienne, étudiant au séminaire de Lausanne. Il sent dit-il que le persécuteur se lasse. La montée en puissance de la philosophie des lumières fait son œuvre, y compris chez le tolérant Maréchal de Sennectère, gouverneur de la Saintonge. Et puis la guerre de sept ans vient de commencer avec l'Angleterre. La Saintonge maritime est une frontière à défendre.

            La trentaine de maisons d'oraison de Saintonge que « catholiques et protestants appellent temple » ne seront pas détruites, au contraire de celles du Périgord, du Poitou et des Cévennes. Aujourd'hui, elles ont peu à peu disparu en raison de leur vétusté, sauf quelques unes. Celle de Maine-Geoffroy, quartier nord de Royan, sert encore au culte dominical. Celles de Luzac, Avallon et Souhe sont devenues des habitations privées. De celle de Paterre (Chaillevette) il ne nous reste que le plan.

            Ces maisons d'oraison de Saintonge sont le patrimoine immobilier qui consacre l’œuvre de celui qui fut appelé en son temps : le grand Gibert.

             A partir de 1760, constatant les démolitions de temples illicites en Périgord et Cévennes, il organise une émigration massive. Et cela malgré l'opposition des synodes. Il se rendra par deux fois à Londres pour préparer le  rassemblement en Angleterre des huguenots qui ont voyagé par petits groupes.

            Puis 212 d'entre eux le suivent en Caroline du Sud, à New-Bordeaux, terre à coloniser dont Jean-Louis Gibert est l'âme de la colonisation. Mais au commencent d'août 1773, à 51 ans, et après une journée harassante, il meurt subitement.

 

Sources :

Daniel Benoit Les frères Gibert. Pasteurs du « Désert » puis du « Refuge » Ed. Le Croît vif (2005)

 

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